L’affaire Satyam est aujourd’hui désignée par de nombreux observateurs comme l’affaire Enron de l’Inde. Le comparatif est de mise. Ramalinga Raju, 54 ans, nommé entrepreneur de l’année 2007 par Ernst&Young, pdg de la SSII Satyam Computer Services a avoué le mercredi 7 janvier avoir manipulé les comptes de sa société pendant plusieurs années. Il a ainsi, par exemple sur le dernier trimestre gonflé la marge opérationnelle en affichant celle-ci à 24% alors qu’elle ne représentait que 3% du chiffre d’affaires et surévalué son CA de 22%. Les fraudes comptables porteraient sur environ 1 milliard de dollars. Suite à ces révélations Mr Raju a démissionné de ses fonctions. Dans une lettre transmise à son conseil d’administration et à la SEBI (Securities and Exchange Board of India) l’équivalent de l’AMF, Ramalinga Raju décrit ses manipulations comme minimes à leurs débuts puis de plus en plus grosses avec le temps. « Ce qui a commencé comme un écart marginal entre le bénéfice opérationnel réel et celui reflété par les livres de comptes, n’a cessé de croître au fil des années. Il a atteint des proportions ingérables au fur et à mesure de la croissance de l’entreprise ».
La découverte de l’escroquerie a été rapide. Elle a pris moins d’un mois. Mi décembre 2008, Satyam annonce à la surprise générale son intention de vouloir racheter pour 1.6 milliards de dollars deux entreprises de BTP, Maytas Properties et Maytas Infrastructure. La diversification paraît hasardeuse. Elle l’est en effet. Les deux groupes appartiennent à la famille Raju et se trouvent en difficulté. Les actionnaires du groupe rejettent en bloc l’opération. L’action s’effondre. Cette chute du titre aurait provoqué le réajustement d’un dépôt de garantie en actions associé à un emprunt de 1 milliard de dollar. Pour le fondateur de Satyam, sa dernière chance a échoué « Il s’agissait de la dernière tentative pour remplacer des actifs fictifs par des vrais » a-t-il déclaré. Quatre membres de son conseil d’administration décident de démissionner et la fusion a échoué. Il ne restait plus à Ramalinga Raju qu’à avouer. Suite aux déclarations de son président, Satyam cotée à la fois à Bombay et New York a été impitoyablement sanctionnée par les marchés. L’action a ainsi dévissé de 78% à la bourse de Bombay et de 90% à Wall Street.
L’affaire fait grand bruit en Inde. Elle touche en effet le quatrième fournisseur de services informatiques Indien. L’entreprise Satyam Computer Services a été créée en 1987, elle compte 53000 salariés, travaille avec 185 des 500 plus grandes entreprises mondiales, et est présente dans 66 pays à travers le monde. Pour le président de la SEBI, C.B Bhave l’affaire qui touche Satyam « est un événement d’une magnitude effrayante et le premier du genre ». En effet, le scandale pose encore la question de la fiabilité des commissaires aux comptes. PricewatherhouseCoopers qui a audité Satyam n’avait apparemment rien décelé. Maintenant, la situation jette le doute sur les autres grands groupes indiens qui craignent suite aux révélations du président de Satyam de subir une certaine méfiance et de voir leur réputation atteinte. Les milieux d’affaires indiens sont de fait très inquiets, quant à l’impact de l’affaire sur les investisseurs internationaux.
FB
Pour voir la lettre de Ramalinga Raju à son conseil d’administration
http://economictimes.indiatimes.com/articleshow/msid-3946470,prtpage-1.cms
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